Marc Chemillier: La bi-musicalité à l'heure de l'intelligence artificielle

Marc Chemillier: La bi-musicalité à l'heure de l'intelligence artificielle

Une Conférence Émérite de Marc Chemillier, musicien, informaticien et anthropologue basé à Paris, France.

Cette conférence aura lieu à TANNA SCHULICH HALL, suivie d'une réception vin et fromage dans le hall du pavillon de la musique Elizabeth Wirth. Cet événement est gratuit est ouvert au grand public (Veuillez noter que cette conférence se déroulera en anglais). 

Nous vous invitons à partager cet événement sur Facebook.

Inscription

L'inscription à cet événement est gratuite et peut se faire en remplissant le formulaire sur ce lien.

Résumé

La notion de bi-musicalité introduite par Mantle Hood dans les années 1960 est encore utile aujourd'hui, bien qu'elle soit redéfinie à l'ère de la mondialisation et des questions postcoloniales. Elle s'applique aux personnes capables de jouer de la musique de deux cultures différentes, tout comme la notion de bilinguisme s'applique aux personnes capables de parler deux langues différentes. Aujourd'hui, l'apprentissage automatique et la créativité artificielle apportent de nouvelles questions intéressantes dans ce domaine, en tant qu'extensions possibles de la musicalité humaine et de l'apprentissage des instruments de musique. J'explorerai ces idées en les illustrant par des vidéos d'interaction en direct entre un ordinateur et des musiciens de Madagascar. Un programme informatique Djazz (http://digitaljazz.fr/) consacré à l'improvisation musicale est développé à l'IRCAM et à l'EHESS à Paris afin de jouer dans différents contextes culturels et, entre autres, dans le style des musicien·ne·s malgaches. En outre, en collaboration avec le LAM, nous avons conçu des capteurs adaptés à la cithare traditionnelle de Madagascar jouée pendant les rituels de transe afin de collecter des données MIDI sur le jeu des musicien·ne·s. Ces données sont ensuite traitées par le logiciel d'improvisation qui est capable de jouer dans le style des joueur·euse·s de cithare autochtones. Les résultats du programme sont suffisamment bons pour permettre des duos entre un musicien·ne et l'ordinateur. Les musicien·ne·s réagissant aux sorties de la machine peuvent apporter un éclairage nouveau sur l'analyse de leurs répertoires. En affinant les paramètres de génération, nous pouvons nous rapprocher d'une caractérisation optimale de la musique étudiée. Par ailleurs, le système peut également explorer différents degrés d'hybridation. On peut injecter dans le contexte de la musique malgache des solos générés à partir d'autres traditions (par exemple le jazz) et étudier comment ils s'intègrent dans le contexte musical selon le point de vue des musicien·ne·s natifs, ce qui peut apporter un nouvel éclairage sur les limites d'une tradition musicale donnée.

Biographie

Musicien, informaticien et anthropologue, Marc Chemillier a étudié le piano jazz (Schola Cantorum, CIM). Il entre à l'ENS de Fontenay-aux-roses en mathématiques en 1981 et étudie l'harmonie-contrepoint au CNSM de Paris. Il a fait une thèse de doctorat en collaboration avec l'IRCAM. En ethnomusicologie, il a travaillé sur la harpe des Nzakara de la République centrafricaine (CD Musiques des anciens cours Bandia en 1995), puis sur la cithare de Madagascar. En 2000, il crée avec les OMax Brothers (Gérard Assayag, Marc Chemillier, Shlomo Dubnov, Georges Bloch) le logiciel d'improvisation OMax. Directeur d'études à l'EHESS à Paris, il publie en 2008 Les Mathématiques naturelles (Odile Jacob) et poursuit ses recherches sur l'improvisation assistée par ordinateur et ses enjeux anthropologiques et sociaux. En 2021, il publie le livre-CD Artisticiel avec Bernard Lubat et Gérard Assayag.